Il a été interrogé encore en ces termes : « voici un homme qui a pété après avoir commencé les tours de la Kaaba. Doit-il interrompre son tawaf ou le poursuivre ?

Voici sa réponse : « si les ablutions du fidèle sont rompues pendant qu’il tourne autour de la Kaaba, que la rupture résulte d’un lâchage de vent, de l’émission de l’urine, de la sécrétion de sperme, du fait de toucher le sexe ou d’autres facteurs similaires, dans ce cas, le tawaf est caduc, à l’instar de la prière. Aussi doit-il aller renouveler ses ablutions avant de recommencer le tawaf. Voilà la procédure exacte.

Il est vrai que la question fait l’objet d’une divergence de vues, mais ce qui est exact c’est que le tawaf et la prière se valent à cet égard, compte tenu de la parole du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) : Si l’un de vous pète pendant qu’il accomplit la prière, qu’il refasse ses ablutions et recommence sa prière (rapporté par Abou Dawoud et déclaré authentique par Ibn Khouzayma). Le tawaf est en général assimilé à la prière. Voir Madjmou Fatawa Cheikh Ibn Baz, 17/216-217).

Certains ulémas soutiennent que la propreté rituelle n’est pas une condition de validité du tawaf. C’est l’avis d’Abou Hanifa (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde). C’est aussi l’avis choisi par Cheikh al-islam, Ibn Taymiyya. Les partisans de cet avis réfutent les arguments des opposants comme suit : « s’agissant du hadith : Le tawaf s’assimile à la prière, il n’est pas dit par le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) puisqu’il s’agit de propos d’Ibn Abbas (P.A.a).

An-Nawawi a dit dans al-Madjmou : Ce qui est exact c’est que ces propos sont attribués à Ibn Abbas. C’est aussi ce que disent al-Bayhaqi et d’autres maîtres du hadith.

S’agissant de la pratique du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) qui a fait le tour de la Kaaba en état de propreté rituelle. Ils disent que cette pratique n’indique pas que cela est obligatoire. Car il traduit une simple recommandation. En effet, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a agi comme indiqué, mais n’a pas donné à ses compagnons un ordre dans ce sens.

Quant à ses propos adressés à Aïcha : Fais ce que font les pèlerins, mais ne tourne pas autour de la Kaaba avant que tu ne recouvres ton état de propreté rituelle. Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) lui a interdit de faire les tours de la Kaaba puisqu’elle était dans son cycle menstruel. Or une femme se trouvant dans un tel état n’est pas autorisée à entrer dans une mosquée.

Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya a dit : « Ceux qui rendent les ablutions obligatoires avant l’accomplissement du tawaf n’ont aucun argument. Car personne n’a rapporté du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), ni grâce à une chaîne authentique ni grâce à une chaîne faible, qu’il avait donné l’ordre de faire les ablutions avant de procéder au tawaf. Pourtant, des foules importantes accompagnaient le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui). Celui-ci a accompli de nombreuses Omra en compagnie de (nombreux) fidèles. Si le tawaf requérait les ablutions, il l’aurait expliqué à tous. Et si cette explication avait été faite, les musulmans n’auraient pas omis de la rapporter. Mais il a été rapporté de façon sûre que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) avait fait ses ablutions et procédé au tawaf. Ceci n’indique pas que cela soit obligatoire. Car le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) faisait des ablutions pour chaque prière et disait : Je ne veux mentionner le nom d’Allah qu’en état de propreté rituelle. Voir Madjmou al-fatawa, 21/273.

L’avis qui veut que la propreté rituelle ne soit pas nécessaire pour le tawaf repose sur des arguments très solides. Cependant il ne convient pas de procéder au tawaf sans ladite propreté puisqu’il n’y a aucun doute qu’il est préférable de faire les tours de la Kaaba en état de propreté rituelle. C’est plus sûr et il permet de tenir compte de la divergence de vue qui oppose les ulémas.

L’on peut adopter cet avis quand il est très difficile de procéder à des ablutions. C’est le cas pendant les jours du pèlerinage. C’est aussi le cas pour les malades et les personnes âgées pour qui il est difficile de maintenir leur état de propreté dans la grande bousculade…

Après avoir répondu aux arguments avancés par la majorité des ulémas, Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit : « Cela étant, l’avis qui rassure est que l’acquisition de la propreté rituelle qui lève la souillure mineure n’est pas requise pour pouvoir procéder au tawaf. Cependant l’acquisition de cette propreté est sans doute préférable et plus parfaite et plus conforme à la pratique du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui). En outre, il ne convient pas de ne pas en tenir compte à cause de la divergence de vue au sein des ulémas à ce propos. Il arrive cependant que l’on se trouve dans l’obligation de suivre l’avis de Cheikh al-islam. C’est ce qui arrive quand les ablutions s’annulent en peine bousculade. Dire que l’on doit quitter la foule pour aller refaire ses ablutions et revenir est pratiquement pénible. Or on ne peut pas imposer aux gens un avis dont l’application est très pénible si l’on ne dispose pas d’un argument clair allant dans ce sens. Aussi faut-il, dans ce cas, privilégier le plus facile puisqu’imposer des pratiques pénibles aux gens sans un argument clair est contraire à la parole du Très Haut : Qllqh veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous (Coran, 2 : 185). Voir Ach-charh al-mumti, 7/300.

Quant à la marche (entre Safa et Marwa), elle ne requiert pas la propreté rituelle selon l’avis des quatre imams : Malick, Chafii, Abou Hanifa et Ahmad. En outre, il est permis à la femme qui est dans son cycle menstruel d’effectuer la marche entre Safa et Marwa. Car le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) n’a interdit à une telle femme que de faire les tours de la Kaaba. C’est dans ce sens qu’il a dit à Aïcha (P.A.a) qui se trouvait dans cet état : Fais tout ce que font les pèlerins, à l’exception des tours de la Maison . Voir al-Moughni, 5/246.

Cheikh Ibn Outhaymine a dit : Si l’on effectue la marche alors qu’on traîne une souillure mineure ou majeure, si la femme dans son cycle menstruel fait cette marche, tout cela est bon. Mais il reste préférable de se mettre en état de propreté .

Voir ach-Charh al-mumti, 7/310-311).

Allah le sait mieux.